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Photojournalistes, avouez-le, Instagram c’est pas si mal !

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Cet article fait partie du dossier de la semaine du 21.04.14 : La photographie sur les réseaux sociaux

On ne présente plus Instagram, ce réseau social de partage de photos aux 80 millions d’abonnés. Aujourd’hui, les photojournalistes sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour diffuser leurs images. En tapant les bons mots clés et en suivant quelques photojournalistes, il est déjà possible d’avoir un aperçu direct des évènements qui font la une de l’actualité ou justement, qui ne sont pas traités. Souvent attaqué par les professionnels, Instagram est pourtant en train de recréer un intérêt des internautes pour le photojournalisme.


Le réseau d’amateurs qui convainc les professionnels

Depuis quelques années, les débats autour du photojournalisme et Instagram sont passionnés et passionnants. Le premier a émergé quand la presse (web et papier) s’est mise à publier des images issues du réseau social pour illustrer l’actualité, alors que ce dernier était essentiellement utilisé par les amateurs.

Dans un contexte de crise, il semblait malvenu de préférer des images d’une personne qui, par chance, se trouvait sur les lieux d’un évènement, par rapport aux photos d’un professionnel réalisées un peu plus tard. Les iconographes de presse ont été nombreux à se défendre en mettant en avant le facteur temps : une photo prise sur smartphone et envoyée par Instagram est disponible immédiatement contrairement à une image prise par appareil qui doit être envoyée par ordinateur.

Kira Pollack, rédactrice en chef photo du Time, déclarait récemment au magazine FLTR : « Instagram est un outil de communication basé sur la rapidité de la diffusion d’une image ». Depuis, les photojournalistes s’approprient de plus en plus ce réseau et travaillent aussi bien avec leur appareil photo que leur smartphone.

Aujourd’hui, beaucoup de photojournalistes entretiennent un compte Instagram. Benjamin Lowy, photojournaliste basé à New York, Satyar Emani, photojournaliste iranien, Laura El Tantawy, voyageant entre le Caire et Londres, Marcus Bleasdale, William Daniels, Ed Kashi, Michael Yamashita… Ils sont tellement nombreux que c’est difficile de tous les citer.

Pourquoi utilisent-ils ce réseau social ? Contrairement à un site internet de photographe où il est difficile de créer un flux de visiteurs régulier, Instagram constitue une vitrine permanente pour un photographe. Certains photojournalistes comptabilisent jusqu’à plusieurs centaines de followers, ce qui constitue une grande visibilité quotidienne pour n’importe quel photographe.

Suivre l’actu sur Instagram

On a, par exemple, pu suivre les manifestations à Kiev et la récente mobilisation armée sur le compte du photojournaliste ukrainien Maxim Dondyuk.





Sur le compte de Marcus Bleasdale, photojournaliste de l’agence VII et reporter pour le National Geographic, on a pu voir des images de la Centrafrique. Il a 48 000 followers.






David Guttenfelder, lui, est basé en Corée du Nord et documente tous les jours sa vie dans un pays sous dictature. Il a plus de 300 000 followers.






Aujourd’hui, le public se passionne pour les actualités relayées sur Instagram. Depuis plusieurs mois, on ne compte plus le nombre d’article type « les 10 comptes Instagram de photojournalistes à suivre » (comme par exemple ici, , puis , puis ici encore et aussi )

Les internautes sont avides d’images, et particulièrement d’images belles, intéressantes et porteuses d’informations. Ils ont envie de voir ce qui se passe à l’autre bout de la planète depuis leur téléphone. Instagram leur offre cette opportunité. Alors pourquoi ne pas voir dans cet engouement la possibilité de développer une nouvelle manière d’informer et de réinventer la presse ?

La possibilité d’un modèle économique

À l’arrivée d’Internet, les acteurs des médias ont cru bon de tout miser sur la rapidité de l’information et force est de constater que ce modèle ne fait pas des émules. L’internaute ne se passionne pas pour une information rapide et courte, comme on l’a cru pendant plusieurs années, mais pour une information directe et sans filtre. Et très ironiquement, sur Instagram, il n’y a que très peu de photojournalistes qui en utilisent. Grâce à ce réseau, n’importe qui peut suivre n’importe quel photographe à l’autre bout du monde. L’information visuelle et de qualité se trouve dans notre poche, à tout moment.

Parti de ce constat, il faut donc s’interroger sur la possibilité d’introduire un modèle économique dans cette manifestation d’engouement pour le photojournalisme. Qu’est-ce qui définit Instagram aujourd’hui ? Partage, photographie, direct. Ces quelques mots-clé peuvent nous pousser à faire le rapprochement entre ce réseau social et les agences photographiques de news. Peut-être pourrions nous imaginer une agence de photojournalistes partageant sur smartphone les actualités dont ils sont les témoins, créant un réseau d’informations visuelles professionnelles à l’échelle du monde entier ? Ou on pourrait imaginer un magazine qui se construit en temps réel avec les contributions des photographes en reportage ? Ou encore un site internet de géolocalisation de l’actualité avec diaporama photo actualisé en direct ? Bref, les idées, il y en a des centaines. Peut-être même que l’une d’entre elles est en train de se mettre en place en ce moment même.


Cet article fait partie du dossier de la semaine du 21.04.14 : La photographie sur les réseaux sociaux

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