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La fin du monde a déjà eu lieu : la preuve par la photographie

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On l’attendait en 2012 mais le calendrier maya a dû être amputé d’une stèle ou deux et le calcul s’en est trouvé faussé. Aux dernières nouvelles, elle serait reportée en 2020, ce qui nous laisse un peu de temps pour développer quelques projets (mais vous savez comment c’est : au début des vacances, on se dit toujours qu’on a plein de temps, et à la fin on se demande où il est passé…). Franchement, pourquoi s’inquiéter puisque la fin du monde a déjà eu lieu ? La preuve dans une petite sélection vraiment pas exhaustive.


C’était le 9 octobre 1963. Dans la province de Belluno, au nord-est de l’Italie. Un glissement de terrain fait monter le niveau des eaux du lac de retenue du barrage de Vajont. Deux énormes vagues débordent le barrage et dévastent la vallée, engloutissant plusieurs villages et plus particulièrement celui de Longarone. Le jour du drame, Gianfranco Moroldo, le reporter de l’hebdomadaire italien L’Europeo, découvre sur place une vision apocalyptique : habitations balayées par la coulée de boue, villages engloutis, disparus. Le paysage aplani, nivelé, défie la pensée et le regard : comment imaginer ce qu’il y avait avant quand tout a été effacé à ce point, que les seules formes verticales sont les humains ?

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© Gianfranco Moroldo

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© Gianfranco Moroldo

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© Gianfranco Moroldo

C’était le 15 juin 1991 : sur l’île de Luçon, au Philippines, le volcan Pinatubo (qui menaçait depuis plusieurs mois) est au paroxysme de son éruption. Des nuées de cendre recouvrent l’île et la plonge dans une obscurité totale. Dans une image spectaculaire, le photographe Alberto Garcia saisit l’inexorable déferlement du nuage de cendres et la fuite éperdue devant la menace. De telles images sont encore plus recherchées par les agences de presse que celles de l’après-désastre : ce sont celles de l’instant-même, les plus puissantes lorsqu’il s’agit d’impliquer le spectateur. Celles qui feront la une lors du tsunami dans l’océan indien en 2005 : l’instant qui sidère.

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© Alberto Garcia

Le reportage photographique du français Philippe Bourseiller, paru dans le Daily Telegraph est l’un des plus impressionnants du genre : de rares couleurs émergent dans un monde atone. Un monde silencieux, étouffant, peuplé de fantômes qui se couvrent le visage.

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© Philippe Bourseiller

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© Philippe Bourseiller

C’est en 2009 que Villa Epecuen est réapparue. Ce village touristique de la province de Buenos Aires (Argentine) fut inondé par la rupture d’un barrage en 1985. Puis les eaux de la lagune ont baissé et il y a quelques années, les ruines ont émergé progressivement. La série de photographies de Juan Mabromata tire un fort parti des vues aériennes : comme un membre gagné par une maladie, la nature semble soudain se pétrifier et perdre vie. Comme après le Déluge, les eaux se retirent et révèlent un monde à reconstruire. Le lieu est déjà devenu un des spots de ce tourisme photographique des lieux abandonnés.

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Juan Mabromata / (AFP/Getty Images)

Juan Mabromata

Juan Mabromata / (AFP/Getty Images)

Juan Mabromata

Juan Mabromata / (AFP/Getty Images)

Juan Mabromata

Juan Mabromata / (AFP/Getty Images)

La fin du monde a déjà eu lieu de multiples fois. Nous n’avons donc rien à redouter. Juste quelques phobies. Pour ma part, un monde dont l’issue serait d’être colonisé par les araignées me fait frissonner de dégoût. Heureusement, ça ne peut pas arriver.

Russell Watkins, arbres envahis par les araignées après les inondations au Pakistan en 2010