Les correspondances indiennes d’Éric Facon et Pierre Hybre

Mai 15, 2015

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Éric Facon et Pierre Hybre ont tous deux photographié les Indiens d’Amérique. Mais, tandis que le premier documentait les tribus du Sud du Chili, le second voyageait dans une réserve du grand Nord Québécois. Le livre Correspondances Indiennes ouvre le dialogue entre deux peuples opposés géographiquement mais surtout entre deux photographes français qui ne se connaissaient pas lors de la réalisation de leurs reportages respectifs.

Eric Facon réalise des études de Littérature américaine avant de devenir photographe professionnel et d’arpenter l’Amérique du Sud et l’Europe. De 1997 à 2007, il collabore au magazine Libération. Il est un membre investi du collectif Bar Floréal. Pierre Hybre, quant à lui, est membre de l’agence Myop. Passionné par le livre photo, il a publié plusieurs ouvrages.

Si Éric Facon et Pierre Hybre ont deux parcours différents et distincts, ils se rejoignent sur le terrain de la photographie de voyage. Tous les deux ont bâti leurs œuvres en documentant l’environnement, ses habitants avec à la fois le regard de l’ethnologue et celui de l’artiste, inspiré par Kerouac et Jack London.

Correspondances Indiennes réunit deux reportages en noir et blanc réalisés séparément et qui, pourtant, ne cessent de se faire écho. Éric Facon a rencontré les derniers descendants des tribus Yahgan et Kawashkar lors de ses voyages au Sud du Chili, en Terre de Feu. Ses photographies nous racontent le quotidien de ces communautés qui vivent de la pêche. Il fait la chronique d’un paysage mais également d’une culture qui se perd, d’un peuple qui s’appauvrit.

Lors de son séjour à Pointe Bleue, une réserve Indienne située au Nord du Québec, Pierre Hybre a suivi des Montagnais dans leur campement au bord d’une rivière. Il photographie alors l’environnement, les ustensiles comme laissés à l’abandon, les traditions abandonnées dans la forêt avant de montrer le retour à la réserve, la vie et ses habitants. Il constate d’une identité amérindienne meurtrie qui finit de se dissoudre et des traditions qui se noient dans la culture occidentale.

Les deux reportages se ressemblent et se répondent, tant par leurs sujets que par leurs traitements. Les correspondances entre les deux sont frappantes, plus que de simples coïncidences. Ces deux regards parallèles et miroirs nous montrent alors l’existence de communautés qui dépassent la nationalité : communauté de culture, de destin mais surtout communauté de regard.