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Valérie Jouve et Halida Boughriet au MAC/VAL

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Le MAC/VAL est le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Depuis le 14 juin, la nouvelle exposition de la collection, Avec et sans peinture, accueille les travaux de Valérie Jouve, Cinq femmes au pays de la Lune jusqu’au 4 janvier 2015, et d’Halida Boughriet, Corps de masse, jusqu’au 21 septembre 2014. Le fil conducteur : la peinture qui, à l’épreuve de l’ère du numérique, ne cesse de se renouveler et d’influencer la photographie et la vidéo.

Note de la rédaction : ★★★☆☆


Valérie-4©Valérie Jouve



Les raisons d’y aller
– Vous vous intéressez à la peinture
– Vous aimez les expositions qui recourent à différents médiums

Les raisons de vous en passer
– Vous n’aimez pas la photographie documentaire
– Le fil directeur n’est pas toujours évident

Les artistes

Halida Boughriet n’est pas seulement photographe, elle est aussi vidéaste et performeuse. Jeune artiste franco-algérienne, elle vit et travaille à Paris. Après des études à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, elle part étudier le cinéma à la SVA (School of Visual Arts) à New-York. A la fin de ses études en 2005, elle remporte le 1er Prix jeune créateur LVMH pour la photographie Attente du verdict. Elle s’intéresse tout particulièrement aux rapports humains, à la mémoire du corps et à la manière de se comporter en société.

L’étude du social et du politique ne vont jamais sans expérimentation et esthétique pour Halida. Ses œuvres ont déjà été exposées au Centre Pompidou, au MAC/VAL, à la FIAC d’Alger, à l’Institut du monde arabe, au Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis ou encore à la Biennale internationale de Dak’Art. Si l’artiste a d’abord fait de la rue l’espace privilégié de ses œuvres, elle s’engouffre avec Corps de masse dans des pièces étroites et exiguës pour se rapprocher de ce qu’il y a d’intime dans nos relations avec les autres.


Halida-1© Halida Boughriet


Valérie Jouve s’intéresse aussi aux rapports humains, mais à ceux que les hommes entretiennent avec leur territoire. Après une licence en ethnologie et un diplôme de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, Valérie Jouve devient photographe. Son travail adopte très vite une approche sociologique et anthropologique, mais où la performance et la mise en scène peuvent être présentes pour mettre au jour la théâtralité de la société actuelle. Elle expose depuis 1995 dans des lieux tels la galerie Anne de Villepoix, la galerie Xippas et le Centre Pompidou (2010). Au fil de ses projets et rencontres, elle intègre la vidéo dans ses médiums d’expression. En 2011, Valérie Jouve est à Jérusalem pour commencer un travail sur 6 villes palestiniennes. Un ami lui conseille alors d’aller à Jéricho. Sur place, une femme syrienne, Um Hassan, accepte de lui louer une maison. Au contact de cette femme, un nouveau projet émerge : 5 femmes au pays de la Kune.

Valérie-Jouve-1

L’exposition

On entre dans l’exposition avec une vidéo de 15 minutes d’Halida Boughriet : les corps des habitants de Saint-Denis, unis en masse dans les salles du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis, se séparent lentement dans l’espace. L’artiste n’a pas donné de consignes supplémentaires à ses modèles, chacun est libre de choisir sa posture, de ne dévoiler que ce qu’il veut de lui-même. On a l’impression que des peintures d’inspiration classique s’animent. Pour voir les photographies d’Halida Boughriet, prises avant les performances filmées, on traverse une grande salle lumineuse où sont exposées la centaine d’œuvres, aux couleurs vives pour la plupart, de la collection. En arrivant dans le petit espace où sont exposées les œuvres d’Halida, on croit d’abord être face à d’une autre série de peintures : formats classique, cadres en bois, couleurs en demi-teintes.


Halida-2© Halida Boughriet


En contemplant ces clair-obscurs de photographies peintes à la lumière naturelle, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour Le Caravage. Comme dans la vidéo, les scènes sont éclairées par une lumière latérale naturelle. Les œuvres ont été réalisées avec très peu de moyens, mais le résultat est saisissant : on a l’impression de pénétrer dans un monde intime, proche et lointain à la fois.


Halida-3© Halida Boughriet


Après cette contemplation en silence, on tourne à droite pour entrer dans un autre monde : celui de Valérie Jouve, mais aussi de Rana M.S. Abukharabish, Suha Y.M. Abusharar, Yasmin M.M. Abu Awad et Jamila I.M. Thalja, 4 femmes qu’elle a rencontrées à Jéricho, leur ville de résidence, qu’elles ont explorée et photographiée ensemble. La forme et la direction du projet, démarré il y a 3 ans, ont été décidé ensemble, sans le recours d’institutions, et la signature est collective.


Valérie-2© Valérie Jouve


Dans la salle d’exposition, on se retrouve face à des murs épars sur lesquels sont accrochées 435 photos de Jéricho par quartier ou d’autres lieux de Palestine. On y voit des photographies de quartiers, de paysages, des habitants ou d’elles-mêmes qui se prennent en photo entre elles. Parfois, l’une d’entre elles saisit ses partenaires en train de prendre une photo ou de regarder le paysage. On ne sait pas qui a pris quelle photo, mais ce qui compte, ce n’est pas tant l’auteur que la diversité des regards sur un même territoire. Un film accompagne également le projet.

Valérie-3© Valérie Jouve


Si on peut entrevoir le rapport entre Valérie Jouve et Halida Boughriet (l’utilisation des deux médiums que sont la photographie et la vidéo, et qui rend caduque le cloisonnement des genres), celui avec la peinture et la collection reste quant à lui relativement obscur. Bien que les œuvres soient indéniablement belles, le fil directeur de l’exposition « Avec ou sans peinture » invitant deux photographes-vidéastes, reste finalement difficile à suivre. On ne peut s’empêcher de se dire que le lien est un peu léger et on finit par se demander en quoi le travail de Valérie Jouve constitue une forme spécifique d’actualité de la peinture. Pour autant, les travaux sont de qualité et bien mis en valeur.


MAC/VAL
Musée d’Art contemporain du Val-de-Marne
Place de la Libération
94404 Vitry-sur-Seine
Tarif plein : 5 €. Tarif réduit (groupe>10 personnes, enseignants, seniors>65ans) : 2,50 €. Gratuit sous conditions.
Ouvert tous les jours de la semaine sauf le lundi :
Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Le samedi, dimanche et jours fériés de 12h à 19h