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Mediastorm | Entretien avec Brian Storm, 8 ans de webdocs

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Depuis 8 ans, MediaStorm travaille aux côtés des photographes pour réaliser des créations multimédia. On se souvient de Kingsley’s journey d’Olivier Jobard, A shadow remains de Phillip Toledano, Rape of a nation de Marcus Bleasdale. Aujourd’hui, quel bilan peut-on tirer de ces années d’expérimentations et de développement de projets ? Le marché du webdocumentaire s’est-il développé ? Quels clients pour quels produits ? Quelles perspectives pour ce genre nouveau ? Brian Storm, fondateur et CEO de MediaStorm, nous fait part de ses dernières réflexions et avancées à propos de ses productions et du développement de ce marché porteur.



[pullquote type= »2″]Nous sommes en train de vivre l’âge d’or du storytelling.[/pullquote]

OAI13 : En 8 ans d’existence de MediaStorm qu’avez-vous appris en travaillant avec les photographes sur des projets multimédia ?

Brian Storm : Je travaille avec les photographes sur des projets depuis 20 ans. La grande avancée a été de les pousser à enregistrer du son. Chose qui n’est pas aisée puisque cela revient à leur demander d’apprendre un tout nouveau métier et de l’exercer en plus de ce qu’il réalise déjà. Les photographes se familiarisent de plus en plus à ce mode de fonctionnement. Nous avons maintenant des outils et un espace de distribution qui existe. S’approprier tout cela nécessite de l’entraînement et de la pratique, des échecs, des recommencements et encore d’autres échecs. J’ai appris que la patience est une qualité importante. Le chemin a été long pour nous mener là où nous sommes aujourd’hui et je pense que nous avons encore beaucoup à accomplir. Nous sommes en train de vivre l’âge d’or du storytelling. Les médias mainstream ont perdu de l’importance et des parvenus ont maintenant la possibilité d’avoir un énorme impact. Il y a aujourd’hui un vide à combler et j’ai vraiment confiance dans le fait que les photojournalistes tireront le meilleur parti de cette opportunité.



Aux États-Unis, le marché du webdocumentaire s’est-il développé ?

Le marché en est toujours à ses premiers pas. Nous avons beaucoup de succès avec nos clients. À chaque nouvelle commande, nous faisons notre maximum pour leur montrer que leur investissement vaut le coup, qu’il rapporte des dividendes. Investir dans une bonne histoire permet de lever des fonds et de toucher un public qui peut s’engager pour une cause. Nous sommes toujours en train d’essayer de nouveaux modèles, nous sommes au début de notre histoire. Récemment nous avons lancé notre interface qui permet aux visiteurs de visualiser nos productions en échange d’une contrepartie financière. Sur le long terme, je pense que ce modèle peut-être très porteur.


Aujourd’hui, quels sont les types de clients s’intéresse le plus à vos productions ?

Nous travaillons avec une gamme de clients différents : de clients éditoriaux comme le Los Angeles Times et National Geographic à des clients corporate comme Starbucks et Sears. Le terrain excitant se trouve au niveau des associations et des ONGs, qui nous amènent des histoires assez extraordinaires. Neighborhood Centers est un bon exemple de projet intéressant. Ils sont venus nous voir nous demandant de raconter non pas l’histoire de l’association, mais celle des personnes qu’elle aide. On peut ainsi se placer dans une démarche documentaire. Par le passé, les ONGs faisaient appel à des stratégies marketing pour les positionner. Aujourd’hui, simplement raconter une histoire interactive des personnes soutenues par leur programme suffit à mobiliser les masses pour leur cause.



Vous avez développé votre propre outil de streaming pour diffuser vos productions. Pourquoi ?

Quel que soit le projet sur lequel je travaille, il est toujours essentiel d’avoir une bonne maîtrise de la technologie afin de ne pas passer à côté de quelque chose de vraiment innovant. Savoir bien présenter ses productions est une étape absolument incontournable de la création multimédia. Pouvoir contrôler la plateforme qui diffuse vos productions est un excellent investissement. Cela vous permet d’avoir la mainmise sur « l’emballage » de vos réalisations et sur l’image de votre marque. Nous avons pu développer un système de transaction financière nous permettant gérer nos relations clients. Nous maîtrisons aussi l’expérience interactive de nos films. Aujourd’hui, il faut être là où l’audience vous veut. Avant, si un internaute voulait un contenu, il le téléchargeait illégalement. Nous, nous avons décidé d’autoriser, et même encourager, le public à s’approprier nos contenus. Simplement, s’il le fait, c’est avec notre marque, notre système de diffusion et notre système de monétisation.


Qu’avez-vous développé de nouveau dans vos dernières productions ?

Dans les 6 derniers mois, nous nous sommes améliorés dans divers domaines. Nos vidéos sont à un niveau exceptionnel grâce aux compétences et à l’expérience de Rick Gershon, notre directeur de la photographie. Nos réalisateurs Eric Maierson et Tim McLaughlin progressent de film en film. Nous avons gagné en expertise. Par exemple, ce que Joe Fuller arrive à faire en terme d’animation graphique est de plus en plus poussé. Nous sommes en train de terminer notre premier long-métrage qui comprend toute une partie exclusivement faite d’animations graphiques.

Nous n’aurions jamais pu se lancer dans un tel projet l’année dernière. Nous n’avions pas l’expérience nécessaire. Nous avons également engagé un compositeur, ce qui est assez nouveau pour nous. Nous avions l’habitude de travailler avec des musiques libres de droits. D’autre part, nous développons des outils afin de mesurer l’impact de nos productions. Notre directrice des partenariats, Samia Khan, travaille sur ce volet. Enfin, les réseaux sociaux sont un domaine de travail important. En six ans, ces plateformes de partage ont pris énormément d’importance. Évidemment, tous ces champs sont en connexion avec la plateforme de diffusion que nos développeurs Shameel Arafin et Tim Klimowicz ont conçu et perfectionnent en ce moment même.


À vos yeux, qu’est-ce qui est le plus important aujourd’hui dans le webdocumentaire ?

Il n’y a pas de miracles, la clé reste l’histoire. On se raconte des histoires depuis des siècles. Les histoires ont un début, un milieu, une fin, une surprise, un point culminant. Le rôle de l’émotion, de l’humour, de la surprise et de la tragédie sont des fondamentaux du storytelling. Je répète tous les jours à mes étudiants que certes, le html, c’est sexy. Mais au final, une bonne histoire reste une bonne histoire.

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