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La collection Walther à l’espace Van Gogh, Arles

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Les Rencontres d’Arles, ce sont 50 expositions à visiter dans toute la ville du 7 juillet au 21 septembre 2014. Si quelques expositions seulement m’ont vraiment marqué, celle à l’espace Van Gogh fût un véritable coup de coeur. Dénommée Typologie, taxinomie et classement sériel, elle présente une partie des fonds de la collection Artur Walther.

Note de la rédaction : ★★★★☆

Classer, archiver, grouper : l’apparition de la photographie a réactivé au XXème siècle les doux rêves de recensement du monde. Aux frontières des sciences (sociologie et biologie), la photographie semble être l’outil privilégié par les photographes et les institutions pour rendre compte objectivement et fidèlement du réel. Ces séries cherchent à déterminer les traits caractéristiques de métiers, de cultures (typologie) ou à décrire, nommer et classer les organismes vivants (taxinomie). Plus que de simples photographies prétendument descriptives, chacune des séries développe une esthétique particulière.

De l’Allemagne au Japon, ces séries photos se sont proliférés aux 4 coins du monde. Un parcours temporel et spatial d’August Sander à Nobuyoshi Araki.

Les raisons d’y aller
– Vous voulez découvrir une collection très riche du point de vue de l’histoire de la photo
– La photographie africaine vous est inconnue

Les raisons de vous en passer
– vous n’avez pas l’esprit scientifique
– vous n’aimez que les photos qui peuvent tirer leur sens d’elle-mêmes
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La collection

Artur Walther est un collectionneur germano-américain d’art contemporain (photographie et art vidéo). Depuis la fin des années 1990, il collectionne des photographies reposant sur une lecture sérielle. Taxinomie et typologie constituent les lignes directrices majeures de son fonds qui, avec ses 2500 photographies, est un des plus important au monde. Si le premier achat du collectionneur était une photo de Bernd et Hilla Becher, il s’ouvre depuis quelques années à la photographie africaine et asiatique. C’est ce parcours que retrace l’exposition présentée à Arles.

La Nouvelle Objectivité allemande

On entre dans l’expo avec les photographes représentatifs du mouvement de la Nouvelle Objectivité, né en Allemagne dans les années 1920 et caractérisé par une forte attention au social. De la typologie des professions et des statuts sociaux à l’époque de la République de Weimar d’August Sander aux photos d’architectures industrielles de Bernd et Hilla Becher, en passant par l’encyclopédie des plantes de Karl Blossfeldt, les sujets traités sont divers.

La scénographie permet de rentrer pleinement dans les œuvres. Les chômeurs, notaires, secrétaires, paysans et autres d’August Sander se succèdent linéairement. A chaque pas, on a l’impression de découvrir un pan de la société allemande du début du XXème, tout en sachant que ces types ne sont que des représentations, des modèles qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité. Mais l’esthétique et le caractère anthropologique du projet ne peuvent nous laisser indifférent car ils nous incitent à questionner nos propres représentations sur nos sociétés actuelles.

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© August Sander



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© August Sander


La disposition en mosaïque des photos de Bernd et Hilla Becher, et plus encore celles de Karl Blossfeldt, permet de les embrasser d’un seul regard. L’ensemble fait sens et les photos dialoguent les unes avec les autres.

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© Karl Blossfeldt



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© Karl Blossfeldt


La photographie africaine

Quelques pas plus loin, on découvre la photographie africaine. D’un côté, les photos d’identité sans visages de Martino Bacigalupo en Ouganda, de l’autre les portraits des photographes maliens Malick Sidibé et Seydou Keïta et du camerounais Samuel Fosso.

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© Martina Bacigalupo


Ce sont ceux de Samuel Fosso qui retiennent le plus l’attention. A l’âge de 13 ans, le photographe ouvre son premier studio, le « Studio National », qui deviendra le « Studio Confiance », puis le « Studio Convenance » où il tire le portrait des locaux. Le soir, les clients partis, il utilise les restes de pellicules de la journée pour réaliser des auto-portraits moins conventionnels. Entre jeu de rôle et imitation de chanteurs américains, le photographe laisse libre court à son imagination.

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© Samuel Fosso

Les portraits de Malick Sidibé sont également teintés d’humour en jouant sur les différences de motifs et de textures.

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© Malick Sidibé

La photographie asiatique

A l’étage, l’atmosphère est plus intimiste, plus recueillie. Dans la première partie, les séries se font plus conceptuelles, mais aussi politiques. La succession d’images sert à documenter les différentes étapes de performances. Celle de Ai Weiwei par exemple, cherche à provoquer et à bousculer les traditions chinoises : il se photographie laissant tomber un vase de la dynastie des Han, vieux de 2000 ans.

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L’expo se finit sur l’œuvre prolifique du photographe japonais Nobuyoshi Araki. Si une partie infime seulement de son travail est exposée, la majorité de ses thèmes fétiches est là : des femmes nues (à commencer par sa femme) et sexualisées et la ville (Tokyo). Bref, l’exposition à l’espace Van Gogh vaut vraiment le détour.

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© Rencontres d’Arles



The Walther Collection, Typologie, Taxinomie et classement sériel
Dans le cadre des Rencontres d’Arles 2014
Du 7 juillet au 21 septembre 2014
Espace Van Gogh
13200 Arles
http://www.rencontres-arles.com
Tarif plein : 9€
Horaires : 10h-19h30