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Street photography : le phénomène Vivian Maier

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Vivian Maier

[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 06.10.14 : L’insaisissable Street Photography[/box]

Cela fait maintenant près de deux semaines que la presse parle d’une certaine Vivian Maier : lepoint.fr titre « Sur les pas de Vivian Maier, “espionne” et photographe de génie », telerama.fr évoque « Une photographe enfin révélée », sur le figaro.fr on s’extasie sur le « chef d’œuvre inconnu » tandis que le Time tente d’éclaircir le « mystère » Maier. Le monde se passionne pour l’histoire de cette gouvernante, photographe de rue, révélée en 2009 moins d’un mois après sa mort, par un jeune agent immobilier, John Maloof. En France, une exposition à la galerie les Douches précède une exposition à Paris Photo prévue par la galerie Howard Greenberg, une exposition au Château de Tours en collaboration avec le Jeu de Paume à partir du 9 novembre, une sortie de livre chez Powerhouse books le 16 novembre et, enfin, une sortie de film documentaire prévue pour juin 2014.



Vivian Maier

« J’en fais quoi de ce truc ? », John Maloof

Capture d’écran du message posté par John Maloof sur un forum Flickr

« J’ai acheté un énorme lot de négatifs d’une petite salle de vente ici à Chicago. Il s’agit du travail de Vivian Maier, une photographe née en France récemment décédée en avril 2009 à Chicago, où elle habitait. J’ai ouvert un blog avec son travail ici; vivianmaier.com
J’ai énormément d’images (environ 30 000-40 000 négatifs) qui vont des années 1950 aux années 1970.
Qu’est-ce que je peux en faire de ce truc ? Regardez le blog. Est-ce que ce genre de travaux peuvent faire l’objet d’expositions ou d’un livre ? Ou est-ce que ce genre de travaux sont assez banals ? »



Vivian Maier

Ce message posté par un certain John Maloof le 9 octobre 2009 sur le forum Flickr « Hardcore Street Photography » constitue le déclencheur de la carrière de Vivian Maier. Cette gouvernante américaine, née en 1926, qui a photographié les rues de New York puis de Chicago à partir des années 1950, n’a jamais montré son travail photographique, ni même développé ses négatifs. Ses photographies sont saisies avec ses meubles pour rembourser des impayés et se retrouvent en 2007 dans une salle de vente aux enchères de Chicago.Or un jeune agent immobilier recherche des photographies d’époque d’un quartier de cette même ville où il vend des biens. Il achète ce lot colossal de 40 000 images pour 380 $, pensant y trouver son bonheur. John Maloof a alors 25 ans et est loin de se douter du trésor sur lequel il a mis la main. Deux ans plus tard, c’est lors qu’il commence à faire développer les négatifs qu’il se rend compte de la qualité photographique de sa trouvaille. Il ouvre d’abord un blog où il poste les photographies scannées de Vivian Maier. Devant l’engouement que suscite presque aussitôt ces images, il se met à la recherche de cette photographe. Il tombe sur un faire-part de décès, rédigé par une famille pour laquelle elle a travaillé durant 17 ans : les Gensburgs. Grâce à eux, il remonte le fil de la vie de celle qui va changer le cours de la sienne. Vu le succès internet de Vivian Maier, par l’intermédiaire du blog vivianmaier.blogspot.com, John Maloof se met en recherche d’autres lots d’images en les rachetant à des collectionneurs. Il possède aujourd’hui près de 120 000 négatifs. Sa rencontre avec la galerie Howard Greenberg lui permet de commencer à tirer ces images. Pour chaque négatif, 15 tirages numérotés sont réalisés.



Vivian Maier

De la photographie de rue à la street photography

Vivian Maier a photographié la rue. Son métier de gouvernante lui a permis de parcourir Chicago et New-York munie de son Rolleiflex, réalisant des autoportraits et capturant des scènes de vie. Si beaucoup ont voulu croire au mythe d’une photographe de rue autodidacte, l’exploration de ses archives et la découverte de coupure de presse et de photographies d’époque montre la volonté de Vivian Maier de s’inscrire dans un mouvement photographique : la street photography.
« On voit dans son travail un certain nombre de références à des artistes de son époque », dit Judith Bargues, la galerie les Douches, à Paris. De Berenice Abbott, dont elle possède un livre, à Walker Evans en passant par Helen Levitt, Vivian Maier s’inspire de contemporains et travaille son œil photographique. Loin d’être une simple amatrice, Vivian Maier est consciente de la qualité de sa photographie et en témoigne notamment dans une correspondance avec un photographe français : « J’ai beaucoup de photographies et elles sont très bonnes. »

Vivian Maier n’a jamais montré son travail. Même ses patrons qui la voyaient tous les jours, l’appareil photo au cou, n’ont jamais soupçonné la qualité de ses clichés. Elle tenait à son jardin secret, réclamant systématiquement un verrou sur sa porte. Aujourd’hui, son histoire se raconte partout et sur tous les supports : dans un documentaire, dans les expositions, dans la presse. Pourquoi un tel succès ? La street photography des années 1960 nous a-t-elle tant manqué ? Ou est-ce simplement cette histoire romanesque qui nous fait rêver ? Certainement un peu des deux.

Les œuvres de Vivian Maier sont exposées à la galerie les Douches jusqu’au 21 décembre.
Exposition au Château de Tours du 9 novembre 2013 au 1er juin 2014 : Vivian Maier, une photographe enfin révélée.
Le livre Vivian Maier: Self Portraits paraîtra le 16 novembre 2013.


Vivian Maier


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Crédits Photo : Vivian Maier

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