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The Empire Project | Unseen 2013

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Gözde Türkkan, Fight-Flight-Freeze, 2013

La Photo Fair Unseen, qui s’est déroulée à Amsterdam du 26 au 29 septembre, est aussi l’occasion de découvrir des galeristes étrangers. Interpellé par son nom, The Empire Project, et les artistes qu’elle représente, OAI13 a voulu en savoir plus sur cette galerie située à Istanbul, en Turquie. Conversation avec Kerimcan Güleryüz, son fondateur et directeur.

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Age13 : Comment est née The Empire Project ?
Kerimcan Güleryüz : En 2004, j’ai fondé la Galeri x-ist, uniquement consacrée aux artistes contemporains turcs. Le lieu avait ceci d’unique à Istanbul qu’il mettait la photographie au même niveau que la peinture ou le dessin. Et puis avec la croissance du marché, on s’est aperçu que sur la scène artistique turque, la photographie contemporaine avait besoin de contexte. Il faut comprendre que le pays offre une sensibilité ni complètement occidentale ni complètement orientale. Et que c’est l’un des seuls empires au monde à avoir opéré la transition vers une république au XXe siècle, avec des changements et des réformes majeurs. La Turquie, et son image dans le monde, est toujours en prise avec ces bouleversements. A partir de ce constat, l’évolution s’est imposée naturellement, et The Empire Project est née en 2010.

Age13 : Alors The Empire Project, c’est quoi ?
K. G. : La galerie se concentre sur de jeunes artistes issus de territoires d’ex-empires : les régions anciennement ottomanes, les Balkans, l’Afrique du Nord, le Proche et le Moyen Orient, la mer Noire. Au-delà de la question géopolitique, nous nous intéressons à la manière dont les artistes questionnent cette notion – de l’aspiration à fonder un empire à l’empreinte qu’il laisse – au sens large, qui dépasse l’ethnocentrisme. L’idée est d’aller au-delà de la dimension strictement commerciale, dans laquelle rien ne remplace mieux une belle photo qu’une autre belle photo. Ici, nous souhaitons créer des sas de compréhension entre le passé et le présent, donner des éléments de réflexion. Le fait que la galerie se situe à Istanbul, ville de fantasmes, a son importance. Nous sommes aussi là pour donner l’occasion au public de se confronter avec la réalité.

Age13 : Qu’est-ce qu’un artiste émergent pour The Empire Project ?
K. G. : Si l’on doit catégoriser, un artiste émergent est, pour moi, un artiste qui s’affirme, qui commence à faire valoir une présence visuelle, notamment sur la scène internationale. Il est important, à mon sens, de dépasser ses frontières, preuve que la démarche prend une résonance intéressante. Ce qui est paradoxal, c’est qu’un artiste émergent peut le rester longtemps ! Pour moi, il quitte ce statut lorsque son œuvre entre dans des institutions – musées, fondations… – ou qu’il participe à un prix international prestigieux, par exemple. Cela a été le cas d’Ali Taktip, nominé au Deutsche Börse Photography Prize.
Pour ma part, je travaille sur la durée avec ces artistes, dans un esprit d’accompagnement qui peut aller jusqu’à la recherche de fonds pour compléter une formation – ce qui s’est produit par exemple avec Gözde Turkhan. Je trouve tel artiste très bon, je souhaite l’intégrer dans la galerie, alors je lui donne le temps. L’échange peut durer deux ans pour pousser l’artiste à s’explorer lui-même et pour préparer une exposition.

Age13 : Et du côté des collectionneurs, comment cela se passe ?
K. G. : Pour qu’un collectionneur investisse dans un artiste émergent, il lui faut je pense une grande confiance dans la galerie – sa réputation, sa direction, sa position sur le marché. Après un certain temps – 5 à 8 ans -, le collectionneur développe sa propre sensibilité et a le désir de sortir du simple schéma d’acheter ce qu’il voit pour commencer à influer sur la carrière de l’artiste. Peut alors naître la notion romantique de grandir avec lui, ce qui est une dimension très importante à mes yeux. Depuis quelques années, l’art agit comme une « catapulte sociale », susceptible d’exercer un changement positif dans la vie de quelqu’un. Au lieu d’acheter une belle voiture ou une belle montre, on entre sur le marché de l’art et on en devient acteur. C’est alors que cela devient intéressant : entre l’artiste, le galeriste et le collectionneur, l’équilibre se fait.



Esra Rotthoff, Sesede sacrifice I, 2011

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Ali Taptık, Nothing Surprising, 2009

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Gözde Türkkan, Fight-Flight-Freeze, 2013

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Esra Rotthoff, Sesede sacrifice II, 2012

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