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Simon Villaeys : quand la carte postale nous éloigne du cliché

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Le paysage de la banlieue et des cités véhicule toute sorte de clichés. Mais revisiter ces images, cinquante années après leur création, peut nous restituer une réalité moins tranchée, bien éloignée de celle des reportages télévisés.

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Il fut un temps où le paysage de la banlieue était un sujet de carte postale. Les cités étaient alors radieuses. Elles promettaient tout le confort moderne. Et il ne faut pas oublier qu’elles ont su répondre à une certaine utopie sociale. Ces barres d’immeubles ont fortement marqué le paysage des années 1960. Mais aujourd’hui, on ne les évoque plus que comme points de départ de mouvements d’agitation sociale.

Simon Villaeys a débuté son projet en 2007, au moment où les émeutes de Villiers-le-Bel secouaient la France : réunir un ensemble de cartes postales représentant des barres d’immeubles. Retrouver, cinquante années plus tard, l’angle de vue, la focale, la lumière et le cadrage précis qui furent ceux du photographe. Pour que les deux photos puissent quasiment se superposer. C’est une tradition propre à la photographie documentaire. Une démarche qui porte un nom : la reconduction. Une tradition qu’utilisent beaucoup les différents observatoires du paysage mis en place par le ministère de l’Ecologie et du Développement durable. Une tradition que Mathieu Pernot (qui fut le professeur de Simon Villaeys) avait poussé puis formidablement bousculé dans son travail intitulé Le Grand Ensemble (éditions le Point du Jour, 2007).

Puisque le propre de la reconduction est de développer une démarche comparative, observons deux photographies prises au même endroit, à Montrouge.

Simon Villaeys

Que voit-on ? Avant tout, que le paysage a peu évolué, et surtout que les lieux ne se sont pas particulièrement dégradés : s’il n’y avait pas les couleurs fanées de la carte postale et ces infaillibles marqueurs temporels que sont les voitures, il serait difficile de mesurer l’écart de temps entre les deux photos. L’immeuble semble avoir été rénové, sa façade s’est éclaircie. La petite église est toujours là, le mobilier urbain s’est discrètement développé. Les arbres ont grandi et n’ont plus besoin de tuteurs ; ils dissimulent aujourd’hui la perspective que l’on apercevait sous le porche. Là où l’information diabolise autant ces lieux de vie que leurs habitants, la photographie nous montre une tout autre réalité : l’esprit souvent utopique qui a présidé à ses constructions a su parfois traverser les époques et s’adapter à travers d’infimes modifications.

Ne versons pas dans l’angélisme : l’ultime prise de vue de ces reconductions a été particulièrement houleuse. Le photographe a été victime d’intimidations avant de se faire dérober tout son matériel. Il reste que, loin des images exotiques, les photographies de Simon Villaeys peuvent nous servir à combattre des idées reçues, un imaginaire trop manichéen.

Simon Villaeys
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