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Financements et organisation, le combat des festivals photo régionaux

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[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 10.03.14 : Festivals photo, nouveaux enjeux[/box]

D’ici le mois d’avril, la saison des festivals photo va commencer. Pour beaucoup, la stabilité d’un tel évènement est un véritable défi. En France il y a plus d’une centaine de festivals photo régionaux, chacun avec ses problématiques et ses enjeux. Our Age is Thirteen a rencontré les organisateurs des festivals de Sète et de Vendôme qui ont accepté de nous parler de leurs financements et des moyens qu’ils développent pour perdurer.


Le financement privé-public des festivals photo

Les Promenades Photographiques sont installées à Vendôme, dans le département du Loir-et-Cher, et participent très activement à l’animation culturelle du territoire. Gratuites et libres d’accès de la mi-juin à la mi-septembre, les expositions photo sont présentes dans tous les endroits clés de la ville. En 2013, les collectivités locales ont versé un peu plus de 120 000 euros, sur 290 000 euros de budget.

[pullquote type= »2″] »La ville doit arbitrer entre différents évènements culturels » Guy Bourreau[/pullquote]

Pour la 10e édition, le festival se retrouve avec un budget de 180 000 euros. Nul besoin de faire de gros calculs pour comprendre la fragilité économique de l’évènement. Les Promenades Photographiques reposent essentiellement sur les subventions publiques. La pérennisation de l’évènement dépend, pour un tiers de son budget, des politiques publiques de la région et du département.

Guy Bourreau, président de l’association des Promenades Photographiques, explique : « La ville doit arbitrer entre différents évènements culturels et la réduction des budgets publiques rend cette tâche de plus en plus difficile. » En période de réduction budgétaire, l’attribution des subventions se fait entre les différent évènements installés, réduisant la part de chacun. Guy Bourreau ajoute : « Je comprends que les choix budgétaires soient compliqués au niveau de la région. Mais il ne faut pas se tromper. Il suffit qu’on reçoive quelques dizaine de milliers d’euros en moins à un moment et on sera obligé de s’arrêter. En définitive, ce sera tout le territoire qui va perdre un outil formidable d’attraction, de vie culturelle et de lien social. »

[pullquote type= »2″] »On a eu des partenaires éphémères tous les ans » Odile Andrieu[/pullquote]

Les subventions publiques constituant une source financière récurrente mais insuffisante, le défi du festival est alors de trouver des financements auprès des entreprises. Souvent, ces partenariats dépendent des budgets et des stratégies de communication. Leur objectif : rendre l’entreprise ou la marque visible auprès des visiteurs du festival.

Odile Andrieu, la directrice des Promenades Photographiques témoigne : « On a eu des partenaires éphémères tous les ans. Ils viennent une année parce qu’ils ont un besoin de communication particulier. Ils attendent d’un partenariat, souvent minime, qu’on leur fasse de la publicité. Mais nous sommes là pour exposer des artistes, pas pour remplacer la promotion qu’ils n’achètent pas dans les journaux. »

Difficile d’impliquer une entreprise dans une démarche et un objectif photographique quand celle-ci souhaite seulement être visible. Problème également évoqué par Gilles Favier, directeur artistique du festival ImageSingulières de Sète : « Les partenaires ne viennent pas pour la puissance de ce que tu fais, ils viennent pour ta puissance de communication. Et c’est difficile quand tu mises tout sur le sens alors que la plupart des partenaires misent tout sur la forme. » Sur les festivals photo régionaux, peu de partenaires restent fidèles dans le temps. Et s’ils le sont, c’est souvent sur des petites sommes.



Vernissage des Promenades Photographiques de Vendôme © Maud Lecompte, 2013


L’assise régionale du festival

Malgré ces fluctuations financières fragilisant l’évènement, les festivals se construisent néanmoins sur une ossature solide de bénévoles, de débrouilles et de valorisations de la part des entreprises locales.

Qu’est-ce que la valorisation ?

La valorisation désigne pour un évènement culturel toute participation matérielle d’une entreprise à l’organisation de l’évènement : des planches, des clous, des billets de train, des chambres d’hôtels. Par exemple, pour les Promenades Photographiques de Vendôme, la valorisation compte pour 30% du budget et constitue une valeur très importante.

Les bénévoles, colonne vertébrale d’un festival régional

Sur les festivals régionaux, nombreux sont les bénévoles à s’investir dans l’organisation de l’évènement. Sur un an, les bénévoles du festival de Vendôme ont réalisé 4 650 heures de travail, soit l’équivalent de deux postes à temps plein au SMIC, c’est-à-dire 44 000 euros. Au fil des éditions, une communauté s’agrège autour de l’évènement : les habitants s’approprient le festival et le défendent bec et ongle.

Produire soi-même

Le soutien peut même aller jusqu’à la création de pôle de production au sein du festival. À Sète, par exemple, la production des expositions et l’encadrement des tirages se fait en interne. À coups de bricolage et de débrouille, de nombreux postes de dépense sont ainsi économisés. Gilles Favier témoigne : « J’aime bien cette façon alternative de faire les choses. Ça m’embêterait de balancer 15 000 euros dans la production d’une exposition en me disant que cet argent aurait pu rémunérer des photographes. »

Le festival photo s’est largement développé en France depuis le début des années 2000. Si son financement reste toujours soumis à une instabilité constante, sa structure s’est renforcée jusqu’à presque s’institutionnaliser. Bénévoles et entreprises locales constituent souvent un tissu solide autour de l’évènement, jusqu’à faire partie intégrante de la vie locale.



Lieu d’exposition à Sète © Nicolas Moulard, 2012



[box]Cet article fait partie du dossier de la semaine du 10.03.14 : Festivals photo, nouveaux enjeux[/box]

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