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Révélations : la photographie contemporaine japonaise par Sophie Cavaliero

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Mikiko Hara

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Sophie Cavaliero est l’auteur d’un livre sur la photographie japonaise : Révélations. Collectionneuse, elle s’est intéressée à ce que produisent les photographes japonais aujourd’hui. Accompagnée de Valérie Douniaux, docteur en histoire de l’art contemporain japonais, Sophie Cavaliero signe un ouvrage passionnant sur une photographie à la fois reconnue mais mal connue.

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[pullquote type= »2″] »En termes de reconnaissance internationale, trois générations de photographes cohabitent »[/pullquote]

OAI13 : Pourquoi vous intéressez-vous à la photographie japonaise ?
Sophie Cavaliero : À l’origine, je ne viens pas du milieu de l’art mais plutôt du management et des ressources humaines. J’ai commencé à m’intéresser au Japon par l’art contemporain et le prisme de la collection, puisque je suis collectionneuse. Il y a un an, j’ai fait un cursus universitaire en histoire de l’art et j’y ai rencontré de nombreux artistes japonais, plus par passion du pays et de sa culture. Je ne connaissais rien à la photographie. Mais au contact de photographes tels Rinko Kawauchi, Tomoko Sawada, je me suis rendue compte que cette partie de l’art japonais était importante et qu’elle avait une représentation mondiale un peu particulière. Il y a beaucoup d’entreprises collectionneuses qui disent aujourd’hui être passées à côté de la photographie japonaise alors qu’elle a une véritable importance.

OAI13 : Comment est né le livre Révélations sur la photographie contemporaine japonaise ?
S. C. : J’ai fait un premier livre sur l’art contemporain japonais qui s’appelle Nouvelle garde. Et suite à cet ouvrage, on m’a demandé de faire la même chose sur la photographie. Il y a un vrai besoin, car il y a beaucoup de photographes japonais à découvrir. Au départ, je voulais montrer uniquement la jeune génération. Mais je me suis heurtée à une grosse difficulté : en termes de reconnaissance internationale, trois générations de photographes cohabitent. Nous avons d’abord la génération reconnue juste après la Seconde Guerre mondiale (Nobuyoshi Araki, Daido Moriyama) qui est encore très active aujourd’hui. Ensuite, on observe la génération des années 1970 (Toshio Shibata) qui aujourd’hui commence à avoir une véritable reconnaissance internationale. Et enfin, la jeune génération de photographes.

[pullquote type= »2″] »Le Japon est aussi le pays de l’appareil photo »[/pullquote]

OAI13 : Est-ce qu’on peut caractériser la photographie contemporaine japonaise ?
S. C. : Je crois qu’on peut la qualifier par son importance. Le Japon est l’un des pays qui engendre le plus de photographes de qualité. On ne peut pas trop parler d’école mais plutôt de « maîtres », en la personne de certains grands artistes qui influencent par leur style un ensemble de photographes. Au Japon, la culture dit de réussir à « tuer le maître ». Le Japon est aussi le pays de l’appareil photo. Et ça, il ne faut pas l’oublier. Les photographes japonais ont un rapport très fort avec leur matériel. La plupart des photographes sont toujours en argentique. La photographie fait partie de leur culture, de leur économie et de leur renaissance.

OAI13 : Y a-t-il des thèmes qui reviennent ?
S-C : On a essayé de répertorier ces thématiques dans le livre Révélations. Le premier thème, c’est la société. Beaucoup de photographes se sont attachés à identifier ce qui est caractéristique de la société. On a toute une tendance qui veut réussir à en faire une analyse poussée. Pour moi, celui qui est allé le plus loin dans cette optique c’est Ken Kitano, puisqu’il a réussi à créer un visage pour chaque corps social en superposant des portraits de plusieurs personnes différentes. Le deuxième thème s’interroge sur la ville. Le Japon a connu le phénomène des mégalopoles et beaucoup de photographes ont photographié la ville. Mais en préparant cette thématique, je me suis rendue compte que dans la jeune génération, presque plus personne ne photographiait la ville. Les catastrophes nucléaires telles Fukushima poussent les jeunes photographes à revenir sur le paysage, pas simplement urbain : un paysage dans sa globalité. Il y a une vraie volonté de dénonciation de la part de ces jeunes photographes. Et enfin, on a abordé le thème du corps. Cela va d’Araki qui photographie les femmes nues pour représenter la vie à travers le sexe et la mort avec presque aucun tabou, à la problématique de la transformation du corps avec le nucléaire, et là on est presque dans quelque chose de documentaire. Je crois que c’est d’ailleurs par ce thème du corps que l’international s’est intéressé à la photographie japonaise. Au début, les photos d’Araki se vendait parce que c’était des nus.

OAI13 : Pourquoi la photographie est si présente au Japon ?
S-C : La photographie est un véritable moyen d’expression. Et le Japon est un pays très censuré, ce qui pousse évidemment beaucoup d’artistes à s’exprimer. On est dans un pays qui a besoin de dire des choses et sur des enjeux internationaux. La question du nucléaire, par exemple, concerne le monde entier et pas seulement le Japon. Les Japonais ont énormément de choses à dire. En plus, ils ont une culture du beau qui fait que les artistes japonais font toujours quelque chose de beau. Ils sont très forts en esthétique. Mais du coup, les gens ont tendance à s’arrêter au côté esthétisant et décoratif, alors qu’il y a des propos très forts derrière.

OAI13 : Quel conseil donnez-vous à quelqu’un qui veut s’intéresser à la photographie japonaise ?
S-C : Je lui conseille d’abord d’aller au Japon pour au moins faire l’expérience de la culture qui est très particulière. Nous devons confronter nos fantasmes d’Occidentaux par rapport à la réalité du pays. Je suis consciente que mon livre ne restera qu’une vision d’occidentale sur la photographie japonaise. J’essaye de représenter au mieux ce que dise les photographes japonais, mais il y aura toujours mon prisme d’interprétation de Française.

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Se procurer le livre sur Internet :

Révélations : Photographie japonaise contemporaine, Sophie Cavaliero
35 €
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Molly Benn a co-fondé OAI13 en septembre 2013. Elle en a été la rédactrice en chef jusqu'en 2015. Elle est maintenant Community Editor FR pour Instagram. Ses opinions sur OAI13 sont les siennes et pas celles d'Instagram.

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