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EXPO | Alchimies, Sarah Moon

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La photographe Sarah Moon expose à Paris. Invitée par le Muséum national d’Histoire naturelle, elle propose sa quête du vivant avec « Alchimies », qui rassemble une centaine de photographies, anciennes et récentes, ainsi que deux courts-métrages. Ce qui les unit ? Le regard si particulier, suspendu dans le temps, de Sarah Moon sur les trois mondes de l’animal, du végétal et du minéral.



La lionne du Kenya, © Sarah Moon

La lionne du Kenya © Sarah Moon


Raconter des histoires

Au départ, Sarah Moon était mannequin. Puis elle est devenue photographe. Elle s’est d’abord consacrée à l’univers de la mode avant d’explorer d’autres territoires, plus intimes. Toujours, elle a raconté des histoires, à travers des images en noir et blanc ou en couleur, dont le traitement reflète son rapport au temps et à la réalité : abîmés, dégradés, révélés à l’eau de mer, tâchés, ses Polaroid relèvent à la fois de la distance et du familier, brouillent les pistes, proposent une lecture différente, ressentie, de ce que nous pouvons tous voir – une colline avec un arbre, un vol d’oiseaux dans le ciel, des chiens qui courent sur une plage, un animal en cage. Tout cela est réuni, aujourd’hui, dans « Alchimies ».



Sarah Moon, Alchimies

Vue de l’exposition © Carole Coen


Une proposition du vrai

A l’origine de l’exposition, la proposition de la commissaire d’exposition Florence Drouhet à Sarah Moon de montrer ses images liées à la nature. Ce à quoi l’artiste a répondu par une autre proposition : réaliser de nouvelles photographies. Vint ensuite l’invitation du Muséum d’Histoire naturelle à exposer dans une partie de la Grande Galerie… Et c’est ainsi qu’en août dernier, Sarah Moon est venue poser son appareil au Jardin des Plantes.« C’est un lieu que j’ai toujours adoré. Il est complètement intemporel, comme une bulle en dehors de la ville », confie l’artiste. Ménagerie, extérieurs, zoothèque… Elle a interprété toutes les composantes de ce lieu unique. « C’est grâce à Jacques Cuisin, l’un des responsables de la zoothèque, que j’ai pu photographier les animaux des collections », ajoute-t-elle. Des animaux… naturalisés, taxidermisés, empaillés ? « Je préfère le mot “embaumé” ! », précise-t-elle avec un sourire. Et sous le regard et l’objectif de Sarah Moon, ces animaux embaumés ne le semblent plus. « Comme dit Jacques Cuisin, ils sont une proposition du vrai. Une vérité qui reconstitue une présence, ce qu’on y voit de présent, comme dans les natures mortes : on y cherche le vivant. » Et de fait, la lionne du Kenya qui rôde dans les murs du Muséum, est incarnée, cela ne fait pas de doute. Et sa présence « en vrai », justement, dans la salle d’exposition, renforce la réflexion. Qu’est-ce qu’on regarde ? Le vrai ou le faux ?



L'arbre en cage, © Sarah Moon

L’arbre en cage © Sarah Moon


Un rapport particulier au temps

« Je fais de la fiction à partir de la réalité. Je raconte une histoire et je dois y croire pour la faire croire », dit Sarah Moon. Les histoires de ses photographies se prolongent par deux court-métrages : l’un, réalisé cet été, a pour sujet ce même Jardin des Plantes. Avec une grâce rythmée par la musique de J.S. Bach, les animaux s’y déploient, comme ce ballet au sol de flamands roses, ou s’y ennuient, comme l’orang-outan dont le regard, terrible, mêle résignation, tristesse et nous adresse un immense « pourquoi ? ». La sublime panthère noire, elle, va et vient sous le reflet à peine visible, mais si présent, de la vitre de sa cage. « Les animaux m’ont toujours intéressée, ou plutôt ce qu’il y a d’humain en eux. Ils expriment énormément, et tous différemment. Pour moi qui les regarde, c’est leur grâce, leur beauté qui m’attirent », ajoute la photographe.
Dans son travail, Sarah Moon entretient un rapport particulier au temps – celui de l’enfance et des souvenirs, celui de la photographie : « Ma vision est un peu embaumée du fait même que l’instant est déjà mort quand je le saisis […] « , énonce le texte qui accompagne l’exposition. Sur les murs, au-dessus des tirages, courent des phrases de T.S. Eliot qui, pour Sarah Moon, savait parler du temps comme personne.
« Or say that the end precedes the beginning, and the end and the beginning were always there before the beginning and after the end, and all is always now » : « Le temps présent et tout ce qu’on a imaginé, tout se rejoint », traduit à sa façon Sarah Moon. Une sorte d’alchimie, en somme.

« Alchimies », de Sarah Moon.
Jusqu’au 24 novembre.
Grande galerie de l’évolution, salle des expositions temporaires,
36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris.
Tlj sauf le mardi, 10h-18h ; 9 €/7 € (billet couplé avec la visite de la Grande Galerie).
mnhn.fr

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