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En 2012-2013, à l’initiative des Rencontres d’Arles et du Market Photo Workshop de Johannesburg, une mission photographique a été organisée pour réfléchir sur les différents aspects de la société Sud Africaine contemporaine. Le projet Transition réunissait alors six photographes Sud Africains et six Français pour une exposition et une publication communes. Le livre Trace Kimberley aux éditions Les instantanés ordinaires revient aujourd’hui sur le segment réalisé par le photographe français Patrick Tournebœuf, parti sur les traces de la célèbre ville minière Sud Africaine.



TRACE TOURNEBOEUF

En 1867, un diamant est découvert à Kimberley, en plein désert du Grand Karoo. C’est alors une véritable ruée. Les exploitants miniers s’installent et la ville sort de terre comme un champignon au fur et à mesure que le puits de la mine s’approfondit. Le « Big Hole » est d’ailleurs aujourd’hui une, voire la seule, attraction touristique du coin. Car la ville de Kimberley n’a pas d’histoire, elle s’est construite du jour au lendemain pour répondre aux besoins des chercheurs de diamants. Pas d’architecture monumentale ici, simplement des bâtiments fonctionnels, dénués de charme.



Kimberley #02

Kimberley #02


Aujourd’hui les exploitations sont fermées mais les habitants sont restés et autour de ce trou gigantesque, plaie béante à ciel ouvert, la vie a continué. Et c’est cela que Patrick Tournebœuf a voulu saisir.



Kimberley #04

Kimberley #04


Il parcourt la ville à travers 65 instantanés et en capte les paysages. Pas d’horizon ni de perspective, la frontalité des photographies de Tournebœuf nous met au pied des murs. Kimberley est un Far West touché par la mondialisation où les enseignes publicitaires ont remplacé celles des Saloons. Les bâtiments sont les symptômes d’une société américanisée à l’économie en faillite et dont l’essor a été stoppé en plein élan. Loin de l’image violente que l’on se fait de l’Afrique du Sud postapartheid, Patrick Tournebœuf fait ici un portrait diffus, mais pas pour autant dilué, des problématiques du pays à travers son architecture.



Kimberley #38

Kimberley #38



Kimberley #06

Kimberley #06



Kimberley #11

Kimberley #11


Dans une démarche à contre courant du photojournalisme, Patrick Tournebœuf travaille à la chambre. L’argentique permet à l’artiste de réfléchir à sa composition indépendamment du hasard et de la spontanéité. À l’instantanéité offerte par le numérique, il préfère le temps de pose comme espace du récit.



Kimberley #13

Kimberley #13



Kimberley #16

Kimberley #16


C’est l’environnement et la ville, comme autant de traces qui permettent de comprendre une société, qui intéressent Patrick Tournebœuf. Les espaces sont vides et rares sont les figures humaines qui les habitent. Chaque apparition est alors surprenante, tantôt hasardeuse, tantôt posée. Les images sont paradoxales, prises entre l’immuable chaleur du ciel bleu et ce qu’elles révèlent des changements de la société Sud Africaine.



Kimberley #23

Kimberley #23



Kimberley #28

Kimberley #28


Introduites par une préface de François Hébel, organisateur de la mission Transition, et d’une interview de leur auteur, les photographies de Patrick Tournebœuf profitent d’une mise en page sobre et aérée. La souplesse de la couverture appelle à feuilleter, à découvrir ces images. Sans légende autre qu’une simple numérotation, le lecteur est invité à lire ces clichés comme autant de facettes d’une même réalité et à s’immerger dans cette ville paradoxale qu’est Kimberley.



Kimberley #32

Kimberley #32



Kimberley #65

Kimberley #65


En savoir plus :

Trace Kimberley, Patrick Tournebœuf
Editions Les instantanés ordinaires
18 euros
Se procurer le livre sur internet

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