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Les médias aiment-ils encore la politique?

2024
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On ne raconte pas l’histoire des trains qui arrivent à l’heure. On ne commente pas non plus les iconographies ratées, ou pire, routinières, qui accompagnent une grande partie des contenus médiatiques, débitées au mètre, images d’illustration paresseuses où trônent la voiture de police (qui sert à décorer à peu près n’importe quel fait divers) et le portrait de personnalité (qui égaie le commentaire de n’importe quelle déclaration, action ou décision).



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‏Ces accompagnements visuels en disent pourtant long sur le traitement de l’actualité et sur le rôle assigné à l’image. Prenons le premier tour des élections départementales : entre la sempiternelle photo de l’isoloir, les portraits des principaux leaders sur fond bleu et les cartes électorales, nous avons subi une représentation dépourvue de toute imagination, mille fois vue et revue, qui semblait restituer l’ennui d’une part grandissante des citoyens pour la chose politique.



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lefigaro

‏En réalité, cette morne iconographie trahissait plutôt qu’elle n’illustrait la nature même de la consultation. Evénement local, l’élection départementale aurait pu fournir l’occasion d’explorations approfondies du territoire, ou de remontées d’information au plus près du terrain. Ces incursions seront restées l’exception, tant l’interprétation à l’échelle nationale avait été programmée comme la clé de lecture du scrutin.



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‏Si l’on compare ce train-train visuel aux efforts déployés pour exploiter tous les angles du crash de l’Airbus survenu deux jours plus tard, on conclura que le traitement routinier traduit une absence d’investissement éditorial dans l’événement politique. Pour le dire autrement, il faut croire dans la capacité d’un fait à susciter l’intérêt pour choisir un traitement à la hauteur. Ou encore : une iconographie ne découle pas spontanément de l’événement, comme voudrait nous le faire croire l’idée reçue de la photographie documentaire.



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‏La production d’une imagerie intéressante et variée résulte d’un choix éditorial et d’un investissement financier qui est simultanément une construction de l’événement. Inversement, un accompagnement visuel de pure forme traduit l’absence d’engagement et de moyens alloués au sujet. La hiérarchie de l’information peut se lire dans la place accordée à l’image, sur une échelle positive aussi bien que négative. Une iconographie bâclée ne signifie pas qu’il n’existe pas de manière intéressante de traiter l’événement, mais seulement que la rédaction estime qu’il s’agit d’un sujet de second ordre.





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